
Pourquoi certaines pertes sont-elles pleurées à haute voix… et d’autres en silence ?
Dans notre société, il existe une hiérarchie implicite du deuil, une forme de classement social de la tristesse. Elle dicte (sans qu’on y pense) ce qui est acceptable de pleurer, et pour combien de temps.
Mais la réalité intérieure ne suit pas ces règles.
Et c’est justement cette disparité entre reconnaissance sociale et douleur réelle que je souhaite explorer ici.
Une pyramide du deuil… à remettre en question
J’ai créé un visuel (ci-dessous) pour illustrer cette pyramide implicite du deuil.
Elle n’a pas vocation à être rigide ou universelle — c’est une proposition, une base de réflexion.
Car bien sûr, l’âge du défunt et notre propre âge au moment de la perte changent tout.
➡️ Perdre un parent quand on est enfant n’a pas le même impact que de le perdre à 40 ans ou plus.
➡️ Perdre un grand-parent à 95 ans n’efface pas la peine, mais la société y accorde moins de place “parce qu’il a bien vécu” et que c’est “dans l’ordre des choses”.
Visuel : la hiérarchie du deuil

Les deuils invisibles et la double peine du silence
Tout en bas de cette pyramide, on trouve ce que j’appelle les deuils invisibles :
- Les deuils dits symboliques : la perte d’un espoir ou d’un projet, d’un état de santé, de qui on était plus jeune, de qui on rêvait de devenir, d’un projet de famille… La liste est longue car la vie est remplie de deuils.
- les deuils périnataux : interruptions de grossesse (dites fausses couche mais j’ai ce terme en horreur) in utéro avant 22 SA (non reconnues !), puis entre 22 SA et naissance J+7
👉 Ce sont des douleurs sans reconnaissance, sans rituel, sans mots.
Et pourtant, elles nous rongent parfois de l’intérieur. Elles laissent des trous dans la mémoire, dans le corps, dans le cœur. Ce sont ces deuils silencieux que j’accompagne, car ils empêchent d’avancer en paix, souvent sans que l’on sache pourquoi.
Dans le cadre du deuil périnatal, plus on avance dans la grossesse, plus on monte dans la pyramide. Ainsi, une interruption dite précoce (intervenue au cours du 1er trimestre de grossesse) n’est “rien” comparé au ventre qui s’arrondit, au lien qui se crée, au fait de le sentir bouger, et de le mettre au monde, vivant ou mort.
Pourquoi cette hiérarchie est problématique ?
Cette classification implicite du deuil a des conséquences :
- Les personnes vivant un deuil “non reconnu” se sentent illégitimes dans leur douleur
- Cela crée une double peine émotionnelle : souffrir et devoir se justifier
- Elle empêche parfois la guérison : ce qui ne peut être nommé ne peut pas être traversé, la souffrance niée se cristallise ainsi
- Elle alimente cette comparaison : lui a vécu ça donc il à plus le droit d’être triste que moi
Vers une reconnaissance plus juste des deuils
J’ai tourné une vidéo sur youtube pour t’en parler, car le sujet est vaste. Je te mettrai le lien dès qu’elle sera en ligne. Mais voici quelques pistes pour changer de regard :
- Accueillir chaque deuil sans jugement
- Offrir un espace d’écoute, même pour les pertes invisibles
- Créer des rituels symboliques pour honorer ce qui n’a pas été pleuré
- Ne jamais hiérarchiser la souffrance
- S’autoriser à ressentir sa souffrance même si on croit qu’elle n’est pas légitime, car elle l’est, tu la ressens, donc elle existe et à besoin d’être entendue !
Une invitation à faire un vrai au revoir
Je propose souvent des rituels à mes clientes, et voici celui d’au revoir :
simple, symbolique, doux (mais profondément libérateur.) Initialement crée pour un deuil périnatal (car c’est le rituel que j’ai réalisé moi-même après ma 3e interruption de grossesse), il peut s’adapter à tout au revoir symbolique.
Même sans cercueil, sans cérémonie, il est possible de dire au revoir à ce qui a été perdu, ce qui n’est plus, ce qui ne sera jamais.
À un rêve.
À une grossesse.
À une version de soi-même.
Je t’invite à te procurer un objet qui symbolise cette grossesse interrompue, de ce que tu es prête à laisser partir.
J’aime créer l’espace et l’intention : allumer une bougie, un encens, sentir une huile essentielle.
Tu vas maintenant prendre une feuille et écrire, tout ce qui te vient, pour lui dire aurevoir.
Une fois terminée, tu vas pouvoir lire à haute voix cette lettre (sisisi, les larmes vont sans doute continuer à couler, et c’est parfait ainsi).
Enfin, tu pourras au choix la brûler ou l’enterrer : cette lettre va revenir dans le cycles de la vie, et se transformer en disant à haute voix : “Je te laisse partir maintenant”. Pour accompagner, tu peux danser, chanter si tu en as l’élan.
Si tu veux aller plus loin, je propose un audio énergétique spécifique après un deuil périnatal pour remettre de la lumière dans son corps endeuillé.
Pour conclure
Le deuil n’a pas besoin d’être grand pour être réel.
Il n’a pas besoin d’être reconnu pour être ressenti.
Et il n’a pas besoin d’être vu pour être traversé.
Si tu portes un deuil en silence, sache que ta douleur mérite d’être entendue.
Reconnaître cette hiérarchie implicite du deuil, c’est déjà commencer à la déconstruire, alors autorise toi.